Kamāl al-Dīn ibn Yūnus

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Kamal al-Din bin Younis
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'Kamal al-Din bin Younis ou Kamāl al-Dīn ibn Yūnus (nom complet : arabe : أبو الفتح كمال الدين موسى بن يونس بن محمد بن منعة الشافعي, Abū al-Fatḥ Kamāl al-Dīn Mūsá ibn Yūnis ibn Muḥammad ibn Manʿat al-Shāfiʿī), né en 1156 à Mossoul (aujourd'hui en Irak) et décédé en 1242 à Mossoul également, est un savant de la civilisation islamique[1], philosophe, théologien, ayant des connaissances en mathématiques et médecine[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Les éléments de sa biographie sont principalement connus par des témoignages de ses contemporains et montrent à quel point il fut une figure marquante de Mossoul de son vivant[2].

Kamāl al-Dīn ibn Yūnus est né à Mossoul le 30 mars 1156[3]. Il étudie le droit et la théologie auprès de son père puis part vers 1175-1176 à Bagdad compléter sa formation en droit et en philologie[3].

Il fut l'élève de Sharaf al-Dīn al-Tūsī (1135 - 1213)[4] et il aurait apporté des modifications à l'astrolabe linéaire de ce dernier[5].

De retour à Mossoul, il enseigne à la mosquée. Selon le biographe du XIIe siècle Ibn Khallikân, il enseigne non seulement le Coran aux musulmans, mais également la Torah et les Évangiles au dhimmis[6]. Son savoir s'étend non seulement à la théologie et au droit mais aussi à la logique, la philosophie, la métaphysique, la physique, et la médecine. Il connait les mathématiques, les travaux d'Euclide et d’Apollonius et l'astronomie dont l'Almageste de Ptolémée [7].

Il s'est également intéressé à la grammaire et la langue arabe[8], à l'histoire et la poésie[9].

Ses contemporains racontent qu'il aurait échangé sur des problèmes philosophiques ou scientifiques avec l'empereur Frédéric II par le biais d'un émissaire de celui-ci[10],[11].

Kamāl al-Dīn ibn Yūnus meurt à Mossoul le 14 février 1242[12].

Travaux mathématiques[modifier | modifier le code]

Dans son Commentaire sur les constructions géométriques, il reprend les trente méthodes différentes pour construire les polygones, déjà étudiés par Abū al-Wafā’ (décédé en 997) dans son Livre sur les constructions géométriques nécessaires aux artisans (Kitāb fī mā yaḥtāju al-ṣāni‘ min al-a‘māl al-handasiyya)[13].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Mathématiques et astronomie[modifier | modifier le code]

Principales œuvres en mathématiques et astronomie[1] :

  • (ar) Risālah fī ʿamal ʿaṣāʾ Sharaf [al-Dīn] al-Ṭūsī (رسالة في عمل عصاء شرف الدين الطوسي) « Traité sur l'œuvre de Sharaf al-Dīn al-Tūsī » ;
  • (ar) Sharḥ al-aʿmāl al-handasiyyah [li Abī al-Wafāʾ[14]] (شرح الأعمال الهندسيّة) - « Commentaire sur Les Constructions géométriques [d'Abū al-Wafā’[14]] »;
  • (ar) Risālah fī al-burhān ʿalá al-muqaddimah allatī ahmalahā Arshimīdis fī kitābihi fī tasbīʿ al-dāʾirah wa-kayfiyyah ittikhādh dhālika (رسالة في البرهان على المقدّمة التي اهملها أرشميدس في كتابه في تسبيع الدائرة وكيفيّة اتّخاذ ذلك)
    Un traité commentant une preuve qu'Archimède aurait négligée lors de sa rectification du cercle.
  • (ar) Risālah fī bayān annahu lā yumkinu an yūjada ʿadadān murabbaʿān fardān majmūʿhumā murabbaʿ ( رسالة في بيان أنّه لا يمكن ان يوجد عددان مربعّان فردان مجموعهما مربّع)
    Un traité prouvant que la somme de deux carrés impairs ne peut pas être un carré.
  • (ar) Risālah fī bayān muqaddimatayn muhmalatay al-bayān istaʿmalahā Abulūniyūs fī awākhir al-maqālah al-ūlá min al-Makhrūṭāt (رسالة في بيان مقدمتين مهملتي البيان استعملها أبلونيوس في اواخر المقالة الأولى من المخروطات)
    Un traité commentant deux points de la fin du livre I du traité d'Apollonius sur les Coniques.

Philosophie et théologie[modifier | modifier le code]

On note aussi des écrits en philosophie et théologie[15]

  • Dévoilement des problèmes et clarification des difficultés sur le Coran (K. Kashf al-mushkilāt wa-īḍāḥ al-muʿḍilāt fī tafsīr al-Qur’an).
  • Commentaires sur le livre des instructions en jurisprudence (Sharḥ Kitāb al-Tanbīh fī l-fiqh)
  • Lexique du Canon [sur la médecine d'Ibn Sīnā] (K. Mufradāt alfāẓ al-Qānūn).
  • Sur les principes de la jurisprudence (K. fī l-Uṣūl).
  • Les sources de la logique (K. ʿUyūn al-manṭiq).
  • Une énigme en philosophie (K. Lughz fī l-ḥikmah).
  • Les secrets du Sultan : sur l'astrologie (K. al-Asrār al-Sulṭāniyyah fī l-nujūm).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) « Abū al-Fatḥ Kamāl al-Dīn Mūsá ibn Yūnis ibn Muḥammad ibn Manʿat al-Shāfiʿī », sur Islamic Scientific Manuscripts initiative, Institut Max-Planck d'histoire des sciences
  2. a et b Hasse 1997, p. 146.
  3. a et b Suter 1922, p. 2.
  4. (en) John J. O'Connor et Edmund F. Robertson, « Sharaf al-Din al-Muzaffar al-Tusi », sur MacTutor, université de St Andrews..
  5. (en) David A. King, In Synchrony with the Heavens : Studies in astronimical Timekeeping and Instrumentation in Medieval Islamic Civilisation, vol. II - Instrument of Mass Calculation, Brill, , p. 595.
  6. (en) Ahmed Djebbar (dir.), « Scientifics activites and inter-cultural relations in Al-Andalus : a metaphor of peace », dans Sanaa Osseiran, Cultural Symbiosis in al-Andalus, Unesco, (ISBN 92-990012-4-3, lire en ligne), p. 153
  7. Suter 1922, p. 2-3.
  8. Suter 1922, p. 3.
  9. Suter 1922, p. 4.
  10. Suter 1922, p. 6.
  11. Uṣaybiʿah 2020, 10.83.3.
  12. Suter 1922, p. 7.
  13. Raynaud 2015.
  14. a et b (en) Elaheh Kheirandish, « An Early Tradition in Practical Geometry : The telling Lines of Unique arabic and Persian Source », dans collectif, The Arts of Ornamental Geometry, vol. 13, Partie II, Brill, (ISBN 978-90-04-31520-4, DOI 10.1163/9789004315204_004)
  15. Uṣaybiʿah 2020, 10.83.7.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Boris Rosenfeld et Ekmeleddin İhsanoğlu, Mathematicians, Astronomers And Other Scholars Of Islamic Civilisation And Their Works (7Th-19Th C.)., Istanbul, Research Centre for Islamic History, Art, and Culture, , 833 p. (ISBN 978-9290631279)
    • (Compte rendu): (en) Benno van Dalen, « Boris A. Rosenfeld, Ekmeleddin Ihsanoglu. Mathematicians, Astronomers, and Other Scholars of Islamic Civilization and Their Works (7th-19th c.). Istanbul, Research Centre for Islamic History, Art and Culture (IRCICA), 2003. », Abstracta Iranica [Online], vol. 26, no document 331,‎ (DOI 10.4000/abstractairanica.2361, lire en ligne)
  • Dominique Raynaud, « La construction des polygones réguliers au XVIIe siècle : ingénieurs et mathématiciens », dans Géométrie pratique : Géomètres, ingénieurs et architectes. XVIe – XVIIIe siècle, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, (ISBN 978-2-84867-825-2, DOI 10.4000/books.pufc.13048, lire en ligne)
  • (de) Heinrich Suter, « Beiträge zu den Beziehungen Kaiser Friedrichs II. zu zeitgenössischen Gelehrten des Ostens und Westens, insbesondere zu dem arabischen Enzyklopädisten Kemal ed-din ibn Junis (Contributions aux relations de l'empereur Frédéric II avec les érudits contemporains d'Orient et d'Occident, notamment avec l'encyclopédiste arabe Kemal ed-din Ibn Junis) », dans Beiträge zur Geschichte der Mathematik bei den Griechen und Arabern, vol. IV, coll. « Abhandlungen zur Geschichte der Naturwissenschaften und der Medizin », (lire en ligne), p. 1-9;
  • (en) Ibn Abī Uṣaybiʿah, « The Best Accounts of the Classes of Physicians : Kamāl al-Dīn ibn Yūnus », dans E. Savage-Smith, S. Swain, G.J. van Gelder eds., A Literary History of Medicine, (lire en ligne)
  • (en) Dag Nikolaus Hasse, « Mosul and Frederick II Hohenstaufen », dans Isabelle Draelants, Anne Tihon et Beaudoin van des Abeele, Occident et Proche-Orient : contacts scientifiques au temps des croisades : Actes du colloque de Louvain-La-Neuve des 24 et 25 mars 1997, (lire en ligne), p. 145-163

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]